L’idée de nation en Provence à la veille de la Révolution
Voici un fascicule dont tout bon provençal devrait prendre connaissance. Le sujet ? L’idée de nation dans la Provence de l’Ancien Régime.
Dans son “Traité sur l’administration du comté de Provence”, Honoré-Gaspard de Coriolis dit l’« Abbé de Coriolis », conseiller-clerc à la chambre des comptes de Provence écrivit : “La Provence a passé sous la domination des rois de France en vertu du testament de Charles d’Anjou, le dernier de ses comtes. Elle y a passé pour être unie à la couronne de France, comme un tout à un autre tout, comme un principal à un autre principal, sans pouvoir y être aucunement subalternée. De là il suit que nous continuons à ne connaître nos souverains que sous la qualité de comte de Provence, que toute loi qui n’émanerait pas du comte de Provence serait étrangère pour nous, parce que nous formons un état distinct et séparé qui a son souverain à lui, comme il a ses lois, ses us, ses coutumes qui lui sont particulières”
L’auteure de l’ouvrage, Monique Cubells, résume : “Dans la perspective ainsi définie, il y a la nation française et la nation provençale.”
La constitution provençale reposait donc sur l’ensemble des textes ayant défini, à la fin du XVe siècle, la nature et les conditions du rattachement à la France. En principe, elle garantissait au pays la conservation de ses Etats, leur droit de consentir l’impôt et d’en assurer la levée, l’usage du droit romain, le privilège pour les habitants de ne pas être jugés en-dehors de la Provence.
Mais la constitution provençale avait été fortement mise à mal par trois siècles de centralisation monarchique, “L’autonomie provençale, à la veille de la Révolution, était largement mythique”, même s’il subsistait une assemblée générale des communautés “qui discutait des impôts, établissait les dépenses régionales, s’occupait des travaux publics et de diverses questions économiques et sociales”.
Les Etats généraux de 1789 finirent d’achever les ambitions des partisans d’un co-état provençal.
Les électeurs du troisième ordre étaient invités à persuader leurs députés à ne pas “se regarder comme Bretons, Béarnais, Lorrains. Dauphinois ou Provençaux, mais comme Français”. Un “Appel aux communes de Provence” mettait en doute la capacité de la constitution provençale à assurer le succès des revendications du Tiers : “Les Provençaux. depuis trois siècles d’union à la monarchie française, s’y sont fondus par trop de rapports, s’y sont trop incorporés par la législation et par l’administration politique, pour pouvoir bien réellement et surtout bien utilement exister comme une nation indépendante”.
Le piège était refermé… “En quelques mois de l’histoire de la Constituante, la constitution provençale devait disparaître”.
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